La Croisière jaune débarque à Shanghai

Plus de dix mois après son départ de Beyrouth, l’expédition Citroën Centre-Asie franchissait la Grande Muraille de Chine le 10 février 1932, pour arriver à Pékin deux jours plus tard. L’objectif principal était atteint, relier en automobile par voie transcontinentale les rivages de la Méditerranée à la côte du pacifique. Les autochenilles avaient rallié Bagdad, Téhéran, traversé l’Afghanistan, le Turkestan chinois, franchit le massif du Pamir, affronté les rigueurs hivernales du plateau de Mongolie et du désert de Gobi.

Le retour de l’expédition devait se faire en traversant la Chine vers le sud pour gagner Hanoï, puis Saïgon, poursuivre à travers le Cambodge, le Siam, l’Inde, la partie méridionale de l’Afghanistan et la Perse, et enfin rejoindre à proximité de Bagdad, l’itinéraire emprunté à l’aller pour conduire les autochenilles Citroën à Beyrouth, le point de départ de l’expédition. Avant de se remettre en route, Georges-Marie Haardt, le chef de la Croisière jaune, imaginait déjà un nouveau projet. Arrivé sur le fleuve Indus, il bifurquerait vers le sud jusqu’à Karachi, au bord de la mer d’Oman, d’où il embarquerait pour la côte orientale de la péninsule arabique.

En février 1932, l’expédition ne dispose cependant pas des autorisations qui lui permettraient de traverser la Chine pour rejoindre le Tonkin. Il est alors décidé d’embarquer à Tien-Tsin sur le paquebot français, le Felix Roussel, personnel et matériel à destination d’Haïphong. Georges-Marie Hardt et quelques-uns de ses collaborateurs s’arrêteront eux trois jours à Shanghai pour répondre à diverses invitations et obligations protocolaires. Après trois semaines de navigation, l’expédition reconstituée reprendrait la route à Hanoï.

Haardt et ceux qui l’accompagnent partent de Tien Tsin le 29 février 1932 sur un vapeur anglais. Ils arrivent le 3 mars en vue de l’embouchure du Yang Tsé. Georges Le Fèvre, l’historiographe de la Croisière jaune, raconte :

« 10h45. Nous approchons de Shanghai. Sur les eaux qu’anime un va et vient d’embarcations de tous genres, des masses énormes : croiseurs et croiseurs-cuirassiers. C’est l’Angleterre, la France et l’Italie. Les Américains ont amené leurs torpilleurs, et deux mazoutiers de la Standard baptisés d’un nom chinois remontent la rivière. […] Dans cet enchevêtrement de bateaux de guerre, de paquebots, de houseboats, de sampans, de barques à moteur, d’avisos, de transports et de porte-avions, se dressent à présent les gratte-ciels de Shanghai.

La ville est en état de siège et les faubourgs de Chapei sont encore jonchés de cadavres. Les Japonais ont enlevé leurs morts, mais les Chinois sont moins pressés, et des maisons éventrées s’échappent aujourd’hui une odeur douce et terrifiante. Interdiction de circuler la nuit sans sauf-conduit. Il en faut deux, la concession internationale exigeant le sien qui n’est pas valable pour la concession française. Chaque jour, des milliers de Chinois évacuant les quartiers suburbains envahissent les concessions avec leur mobilier empilé sur des pousses. Que des provocateurs se glissent parmi eux et c’est la fusillade. »

Après quelques jours passés à Shanghai, Georges-Marie Hardt monte sur le paquebot américain qui doit le conduire vers Hong Kong puis l’Indochine pour y retrouver ses camarades. Cependant, la suite de l’expédition ne se déroulera pas comme prévu … C’est ce que vous découvrirez en lisant Shanghai 1932, le roman historique de Timothée William Roux.

Sources: L’Illustration 1932.

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